28 février 2023 Écoquartier de la Courrouze | Grande Prairie, un secteur mixte et bas carbone pensé à l’échelle globale
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Véritable laboratoire sur le territoire métropolitain, le projet urbain de La Courrouze ne cesse d’expérimenter. Après le travail sur le paysage et l’urbanisme poreux, sur les mobilités douces et les qualités des logements, les prescriptions évoluent pour intégrer de nouvelles ambitions en matière d’exigences bas carbone et de réemploi. Le secteur Grande Prairie en sera une première pierre, dans une logique de reproductibilité et d’accompagnement à la structuration des filières. Projet d’ensemble, il comprend six lots répartis entre deux bailleurs sociaux (pour trois lots) et trois promoteurs privés désignés à l’issue d’une consultation lancée en février 2021. Pour accompagner et animer cette démarche, Territoires a fait appel au bureau d’études ZEFCO spécialisé dans la transition environnementale appliquée à l’architecture et à l’urbanisme. Rencontre avec un de ses co-fondateurs, Florian Dupont.

 

QUEL EST VOTRE RÔLE SUR LE PROJET GRANDE PRAIRIE ?

Sur la question du bas carbone, deux entrées sont possibles. Soit on fixe un objectif carbone, soit on travaille sur la mobilisation des acteurs. Territoires a plutôt pris le parti de sélectionner en amont les opérateurs et de créer un groupe de travail pour avancer collégialement sur le sujet. Sur ce projet, nous jouons plutôt un rôle d’animation et de mobilisation des filières locales, afin de challenger les équipes et travailler à une méthode collective.

 

COMMENT S’EST DÉROULÉE LA DÉMARCHE D’ACCOMPAGNEMENT ?

Nous avons procédé sous forme d’ateliers réunissant tous les acteurs de la maîtrise d’ouvrage [aménageur, urbaniste, promoteurs et bailleurs, NDLR]. Nous avons travaillé sur les services et usages dans l’objectif de réduire l’empreinte carbone des habitants au quotidien.
Puis nous avons choisi ensemble des maîtrises d’oeuvre compétentes qui portent l’envie de faire du biosourcé. Parce que pour expérimenter, il faut avant tout avoir envie de trouver des solutions et, tant qu’à faire, avoir un peu d’expérience. Ensuite, nous avons sensibilisé ces équipes à plusieurs recettes qui sont importantes dans la conception bas carbone. La première repose sur l’adéquation entre les choix d’enveloppes, des hauteurs et usages. Les contraintes assurantielles sont plus fortes sur le biosourcé.

Par ailleurs, la question des trames est centrale car le biosourcé nécessite une certaine répétition. Enfin, nous avons travaillé le sourçage, nous sommes allés chercher des informations auprès des industriels, des filières compétentes pour déterminer les ressources les plus facilement mobilisables sur le territoire. Cela nous a permis d’agréger au projet la filière bois, des membres des filières paille, réemploi et terre. La mobilisation de ces acteurs s’est faite très tôt dans le projet et se poursuivra tout du long, ce qui permet de challenger les équipes de conception.

Cette mise en réseau d’acteurs multiples, c’est aussi la possibilité de découvrir des opportunités auxquelles nous n’aurions pas forcément pensé seul : comme par exemple un projet d’AMI sur le logement très bas carbone lancé par le Conseil Régional de Bretagne et auquel un des bailleurs a candidaté.

 

Les usages plébiscités par les opérateurs et leurs équipes : Espaces et services partagés, circuits courts, alimentation et mobilité. Ces derniers ont été pensés à différentes échelles : logement et étage, copropriété, secteur Grande Prairie, quartier de La Courrouze.

 

QUELS SONT LES POINTS DE BLOCAGE RENCONTRÉS DANS LES PROJETS DE CONSTRUCTION BAS CARBONE ?

Je parlais de la nécessite d’avoir envie. Le risque est que les acteurs se reposent sur la solution la plus simple qui s’offre à eux. Aussi, il y a actuellement une crispation autour du coût de construction qui est un peu unique par rapport aux deux dernières décennies. Ici, il y a plusieurs incertitudes : de nouveaux matériaux qu’on ne maîtrise pas bien car nous avons peu de retour d’expériences à ces échelles-là, couplée à une augmentation structurelle du coût de construction et à une augmentation conjoncturelle du prix de construction liée notamment à la situation en Ukraine.

COMMENT PERCEVEZ-VOUS LE RÔLE DE L’AMÉNAGEUR FACE À L’URGENCE CLIMATIQUE ?

Nous savons que nous devons changer radicalement et structurellement la société, l’aménageur joue un rôle particulier en tant que prescripteur assez puissant. Il peut choisir la précision de sa commande, faire évoluer les filières de construction, de production du végétal ou de terre végétale en travaillant directement avec elles.

Dans un monde où nous devons consommer et circuler moins ou autrement, l’aménageur participe au réglage des usages. Lorsqu’il fait le choix d’un commerce au pied d’un immeuble, il oriente un mode de consommation. Lorsqu’il dessine des espaces publics et des stationnements, il oriente les mobilités. Quand il choisit de mixer des fonctions, il réduit les besoins. Finalement, peu d’acteurs sont autant au carrefour de cette question de la sobriété des usages.

 

QUELLE EST VOTRE VISION DU PROJET URBAIN DE LA COURROUZE ?

Nous aimons beaucoup La Courrouze. Nous avons réalisé le dossier écoquartier pour la labellisation de niveau 3 en parallèle de notre mission sur Grande Prairie, l’occasion de faire une synthèse du projet. Je pense que La Courrouze est un quartier exceptionnel, au sens où je n’en ai jamais vu d’autres comme celui-ci. Il pose la question d’une forme de densité au milieu d’une intensité de nature qui n’est pas qu’une posture urbaine et de cadre de vie, c’est aussi une question de rapport aux ressources et à la nature qui est fondamental. Aujourd’hui, la question du cadre de vie devient d’une part un cadre de relation au vivant et, d’autre part, un cadre de loisirs pour éviter des déplacements.

Les infos clés

Le secteur Grande Prairie est directement connecté à la centralité de quartier « Coeur Courrouze » avec ses commerces et sa station de métro ainsi qu’au nouveau groupe scolaire Simone Veil et les équipements culturels du quartier. Le secteur intègre par ailleurs un parc dont les usages ont été imaginés avec les habitants dans le cadre de la démarche de concertation « Gagner du Terrain ».

 

Programmation des 330 logements sur 2.3 hectares

  • GP1 : BRS, accession libre et locatif social - Espacil & Guinée Potin
  • GP3 : Locatif social, accession libre et maîtrisée - Neotoa & Ylé
  • GP4 : Accession libre et maîtrisée - Tolefi & Maurer et Gilbert
  • GP5 : Accession libre et maîtrisée - SOREIM & Dumont Legrand
  • GP11 : Accession libre et maîtrisée – Spie Batignolles Immobilier / Keredes & BFV
  • GP12 : BRS, accession libre et maîtrisée, locatif social - Neotoa & Atelier 56 S
  • Typologies variées : de la maison individuelle au grand collectif R+11

 

zoom sur ... la démarche de réemploi

Le projet Grande Prairie intègre une dimension de réemploi de matériaux avec l’usage obligatoire pour chacun des programmes d’une famille de produits de construction issus du réemploi. Territoires est accompagné sur ce volet par la plateforme Bâti Recup’ installé sur le secteur des Halles en commun situé en face de Grande Prairie, et par Cycle Up qui dispose d’une vision complémentaire avec des gisements plutôt nationaux.