Sur le quartier des Prairies d’Orgères, les programmes bois issus de l’Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI) « Construction Bois pour tous » lancé par Rennes Métropole en 2017 - 2018 se concrétisent. Des projets conçus dans un cadre expérimental qui ouvrent aujourd’hui les perspectives pour répondre aux enjeux de structuration des filières de matériaux biosourcés et de développement de l’habitat durable accessible au plus grand nombre. Entretien avec Olivier Briand, responsable d'opérations pour Territoires.
« Sur la commune d’Orgères, nous avons développé quatre programmes dans le cadre de l’AMI « Construction Bois pour tous ». Nous avons travaillé avec Coop Habitat Bretagne et les architectes de Le Labo & Claire Gallais. Au total, ce projet représente 40 logements répartis au sein de quatre petits bâtiments intermédiaires de 8 à 12 logements en accession libre, maîtrisée et Pinel.
Avant même la problématique bois, il y avait celle de la commercialisation car nous avons fait le choix de ne pas tout « dédensifier » et de conserver les formes urbaines en collectif et intermédiaire. C’était un pari en soit car il n’y a pas réellement de marché constitué pour ce type de programme en accession libre sur la commune. Par ailleurs, des idées reçues autour du bois persistent encore, notamment sur les questions du coût d’entretien et du vieillissement du matériau avec le temps. La commercialisation a donc démarré doucement mais s’est progressivement accélérée.
L’autre enjeu est bien-sûr la maîtrise des coûts de construction, d’autant plus actuellement dans un contexte économique tendu et de pénurie des matériaux. Pour garantir la réussite du projet, une approche spécifique a été menée avec Coop Habitat et Abibois en amont auprès des entreprises de la construction bois pour les associer dès le départ à la conception. La volonté était de pouvoir intégrer les contraintes des entreprises le plus tôt possible et permettre aux architectes d’avoir une approche la plus fine et réaliste possible dans la conception du projet. La consultation lancée allait dans ce sens. Ici, nous remplissons les objectifs fixés par l’AMI qui sont ceux du label biosourcé (36 kg/m² de matériaux biosourcés par mètre carré habitable) avec un parcours le plus local possible des matériaux. À l’origine, il n’y avait qu’un des quatre programmes concernés par l’AMI et, finalement, l’ensemble des bâtiments a pu être intégré à la démarche.
Avec ce projet, on prouve donc que le logement intermédiaire qui propose des loyers à prix maîtrisés trouve sa place sur le marché.
Nous avons du vrai intermédiaire avec des accès individuels aux logements, du stationnement aérien, des balcons et jardinets et des petites entités qui vont de 8 à 12 logements et qui semblent correspondre aux attentes des habitants sur les communes périphériques. C’est une réponse directe à la question de la désirabilité de l’habitat avec des formes de bâtiments à taille humaine. Nous avons plus que rempli les objectifs de l’AMI et les coûts de travaux de sortie restent encadrés et cohérents avec le contexte économique actuel de la construction.
Actuellement, l’ensemble des projets sont assez difficiles à monter en raison du contexte économique. Malgré cela, ce type de projet encore innovant ne semble pas plus complexe ou chronophage à réaliser. Ça nous conforte dans l’idée qu’il est possible d’étendre ce type de démarche au programme collectif avec une nouvelle proposition architecturale et esthétique. C’est particulièrement encourageant pour la suite et pour le développement de ces modes constructifs dans nos projets. »