Engagées dans l’opérationnel depuis 2019, les deux premières opérations d’aménagement du projet ViaSilva (AtalanteViaSilva et Les Pierrins) n’en font pas moins l’objet de tous les soins pour assurer la préservation et la valorisation des ressources naturelles repérées en amont ou découvertes au fil des études et des visites de site. Cette mission mêlant suivi réglementaire et travail de terrain nourrira le projet à long terme. Une raison suffisante pour que la SPLA ViaSilva ait choisi de relier les missions d’études et de suivi environnemental aux missions de maîtrise d’œuvre des Zac, dès 2015.
Entretien avec Jérémy Judic,
chef de projet chez Artelia Villes et Territoires
"Au sein d’Artelia, nous réunissons des compétences et services divers au profit des opérations d’aménagement. Pour ma part, j’interviens pour la coordination environnementale des travaux, en faisant le lien entre les études réglementaires (études d’impact, Dossier Loi sur l’eau, inventaires, etc.) et la bonne application des décisions qui en découlent. Pour ViaSilva, je travaille main dans la main avec la personne qui assure au sein d’Artelia la mission de maîtrise d’œuvre, en lien étroit avec les paysagistes (Agence Devillers & Associés) et les autres membres du groupement, tels qu’Aubépine, bureau d’études spécialiste des arbres. Pour le compte de la SPLA ViaSilva, j’assure la liaison avec les services de l’Etat car la SPLA est soumise à des comptes-rendus réguliers.
Nous sommes présents en permanence pour réaliser des audits environnementaux et sensibiliser les entreprises de travaux publics et de construction. Les travaux de terrassement, les bassins de rétention et les mesures environnementales (suppression de remblai en zone humide, création de mares...) ayant débuté en 2019, nous devions être sur site deux à trois fois par mois afin de contrôler les impacts des travaux sur la végétation, la faune et la qualité de l’eau. Ce dernier sujet a en effet une sensibilité particulière sur ViaSilva. Des cours d’eau affluents de la Vilaine jouxtent les chantiers en cours et nous devons mettre en place les outils qui permettent d’empêcher les matières en suspension de les polluer.
En lien avec les dossiers réglementaires, un système d’assainissement provisoire autour des chantiers a été mis en place. En septembre dernier, nous avons dû renforcer la protection des cours d’eau à la suite d’importants épisodes pluvieux. Nous avons mis en place des filtres à paille et des géotextiles sur leurs rives afin de retenir les matières en suspension. Nous accompagnons également la protection de la faune et en particulier des espèces protégées, en partenariat avec les associations environnementales. A cette fin, nous veillons à faire respecter l’arrêté préfectoral concernant les périodes de défrichement et d’élagage. Nous protégeons notamment un insecte, le Grand capricorne, dont la larve se nourrit d’arbres blessés. Lorsqu’on sait qu’elle est présente, nous stockons ces troncs en attendant que les larves deviennent adultes. Concernant la faune aquatique, nous réalisons lorsque c’est nécessaire des pêches de sauvegarde.
Cette mise en valeur de la trame verte et bleue se construit « au fil de l’eau », avec parfois de nouveaux sujets qui apparaissent et que nous intégrons dans les travaux. C’est l’exemple des îlots boisés inclus dans le dossier réglementaire, transformés en cordons végétaux tout au long du cours d’eau. Cela permet de les alimenter en matière organique mais aussi de renforcer les corridors écologiques dans le cadre de la trame verte et bleue. Nous conservons toutefois des îlots boisés, notamment à proximité des mares, pour les amphibiens. Par ailleurs, les aménagements concernant les eaux pluviales se sont également affinés au fil des études. À l’origine, deux bassins de rétention étaient projetés dans le parc de Boudebois. A l’issue des études de détail, seul un bassin plus profond s’avère suffisant. À cette fin, nous avons assuré les échanges avec les services de l’Etat pour faire modifier le dossier réglementaire initial. Un autre sujet est venu enrichir notre mission : c’est la limitation des nuisances lumineuses. Comment préserver les corridors prévus dans l’aménagement des parcs de Boudebois et de Belle Fontaine en positionnant au mieux les candélabres, en installant des coupes-flux ou en produisant un effet de masque grâce à la végétation.
De façon générale, nous sommes en dialogue permanent sur l’aménagement des parcs, sur les essences à préconiser, le fait d’intervenir ou non sur certains secteurs, les périodes d’intervention selon les espèces animales... Nous vérifions que les mesures de compensation soient bien mises en place. Nous agissons comme un tiers en produisant des rapports avec photographies à destination des services de l’Etat et des associations environnementales. Chaque année, au minimum, un comité de suivi avec ces derniers nous permet de partager les résultats de ce travail.
Notre positionnement dans ce projet est idéal parce que nous sommes présents des études aux travaux et passons de l’échelle macroscopique, dans le cadre des dossiers réglementaires, à la mise en œuvre des mares, des corridors, des habitats et protections diverses pour la biodiversité."