Si la stratégie nationale bas carbone vise la neutralité carbone en 2050, Rennes Métropole s’est engagée à diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre par habitant d’ici 2030. De la maison individuelle sur les communes de la métropole aux grands projets urbains comme à ViaSilva ou La Courrouze, Territoires déploie différentes approches pour répondre aux enjeux de la construction durable sur le territoire.
La Courrouze et ViaSilva : deux projets à haute ambition bas carbone
Historiquement à la pointe des ambitions sociales et environnementales, le quartier de La Courrouze poursuit sa trajectoire avec un secteur bas carbone pensé à l’échelle globale. A ViaSilva, les nouvelles ambitions portées par le projet urbain donnent leurs premiers résultats avec des méthodes et prescriptions qui s’affinent. Échange avec Anthony Férard et Sébastien Guyot, responsables d’opérations.
La Courrouze et ViaSilva sont engagés vers la construction bas carbone, comment se traduit cette ambition aujourd’hui sur ces deux projets ?
Anthony Férard : Depuis le départ, c’est dans l’ADN de La Courrouze d’avoir une longueur d’avance sur la réglementation en matière de construction. Les prescriptions n’ont cessé d’évoluer au fil du projet et intègrent aujourd’hui de nouvelles ambitions en matière d’exigences bas carbone et de réemploi, comme pour le secteur Grande Prairie, lancé en 2021, qui représente la réalisation d’environ 310 logements dans le quartier.
Sébastien Guigot : Avec la seconde phase de ViaSilva lancée en 2021, les ambitions environnementales ont été renforcées. Nous avons intégré la notion d’empreinte carbone dans le cahier des prescriptions du projet urbain et travaillé avec des bureaux d’études spécialisés comme Alto Step (stratégie environnementale) ou encore Bella stock (réemploi et économie circulaire). L’enjeu étant d’allier qualité des logements, construction bas carbone et maîtrise des coûts.
Quelles méthodes avez-vous privilégiées ?
AF : À La Courrouze, nous avons d’abord fixé aux promoteurs et bailleurs sociaux, les niveaux d’ambition à atteindre en matière de construction. Les 6 équipes ont partagé leurs connaissances et leurs problématiques. Nous avons également organisé des ateliers par thème avec les représentants des filières, de la réglementation, des constructeurs, le tout accompagné par le bureau d’études ZEFCO, spécialisé dans la transition environnementale appliquée à l’architecture et à l’urbanisme.
SG : Pour ViaSilva, l’idée était de fixer une méthode pour inclure les filières, dès les prémices de la démarche dans l’objectif de massifier la construction bas carbone.
D’abord, grâce à La Fabrique ViaSilva et son Forum de la construction bas carbone, organisé fin 2022, avec les acteurs de la fabrique de la ville et les filières de la construction biosourcées. Puis en 2023 avec la poursuite de ce travail par de nombreux ateliers… Ce qui nous a permis d’aboutir à un nouveau Cahier des Prescriptions Architecturales, Urbaines, Paysagères et Environnementales. Il définit le socle obligatoire à respecter pour les différentes typologies de projet et des axes de performance qui pourront être travaillés à l’échelle de chaque îlot. Comme première brique de cette nouvelle ambition : l’îlot B10, dont la consultation a été lancée en 2023, qui doit être démonstrateur de cette nouvelle manière de construire.
Où en sont les projets aujourd’hui ?
AF : Aujourd’hui, à Grande Prairie, les permis de construire sont délivrés. Les équipes sont au stade des appels d’offre. Les projets atteignent la RE 2025 et le niveau 3 du label biosourcé, un projet se distingue en atteignant la RE 2028. Les modes de construction mixent bois et béton, et intègrent comme isolant la fibre de bois ou la paille.
L’utilisation de la paille sur des bâtiments de logements qui atteignent au maximum 11 étages serait une des premières expériences de ce type en France.
SG : A ViaSilva, au stade projet, l’îlot B10 atteint ses objectifs performanciels tant sur le plan énergétique que sur les matériaux avec le seuil 2028 IC Conctruction et un Niveau 3 du label Bâtiment biosourcé et NF Habitat HQE (6 étoiles). L’année 2023 a été consacrée aux workshops avec les candidat•es retenu•es en phase consultation.
Le projet lauréat a été retenu début 2024.
En quoi ces prescriptions modifient le rôle de l’aménageur ?
AF : Notre prescription influence la chaîne de construction des logements. Si l’on veut massifier la construction bas carbone, on se doit de travailler plus finement, être en veille sur la réglementation et à l’écoute des filières.
SG : Cette manière de travailler nous oblige à décloisonner la chaîne de production et être plus transversal. Elle nous met dans un dialogue constant avec les acteurs des filières de la construction durable.
Des projets qui essaiment partout sur le territoireS
La performance énergétique
Juin 2019, Territoires lance l’AMI « maisons individuelles performantes » afin d’inciter les constructeurs à développer des solutions de maisons individuelles à très faible consommation énergétique et faible impact environnemental. Sur les 10 projets initialement prévus, 2 ont pu se concrétiser en 2023. « Villa Alleio » de Trecobat en ossature bois et isolation en fibre de bois, à Laillé. Et la « Maison performante » de Maisons Demeurance, à Chavagne en béton bas carbone, fibre de bois, hourdis spécifiques, panneaux
photovoltaïques…
La construction biosourcée
Sur ces deux communes, d’autres projets sont en cours, dans une logique d’innovation portée par l’aménageur et les constructeurs. Ainsi Espacil réalisait en 2023, le projet Démé’Terre, labellisé Passiv’Haus. Une résidence de 18 logements sociaux en terre crue, offrant régulation hygrométrique, isolation phonique et thermique optimale. A Laillé, après la livraison de deux collectifs en modulaire bois, dont un labellisé Passiv’Haus, cette ambition se poursuit avec la volonté de proposer 18 terrains consacrés à des projets individuels axés sur les économies d’énergie et la construction en matériaux biosourcés : maisons isolées par l’extérieur, maisons en briques, à énergie positive, en béton de chanvre…
Partout sur le territoire, les projets bas carbone essaiment depuis plusieurs années. Comme à Beauregard avec l’Île Ô Bois ou encore à Vezin-le-Coquet et Orgères avec plusieurs programmes de logements collectifs, déjà livrés, et à forte proportion de bois.